L'équipe de nuit. Vitrine n°1.

L'équipe de nuit 

L'équipe de nuit est le titre d'une suite de courtes expositions en devanture de la galerie LMNO à Ixelles.

Visibles depuis la rue de la Concorde, numéro 31, à toute heure jusqu'au couvre-feu:)

La galerie LMNO est heureuse d'inaugurer un cycle d'expositions à durée indéterminée qui prendra place au devant des deux hautes fenêtres de la galerie, à front de rue. Les expositions sont accessibles à tout moment de la journée, sans conditions d'aucune sorte. Elles seront régulièrement diffusées dans le monde digital, sur notre site et autres réseaux sociaux, sous forme photographique. Cependant, le spectateur, plutôt que d'être convié ici à une visite virtuelle, est encouragé à faire des ces petites expositions bien réelles, des objectifs de promenade, afin d'apprécier ce que la photographie ne rend pas. Invitation à la curiosité donc, formulée par la galerie et ses artistes.

Il revient à Yoann Van Parys d'inaugurer le cycle, dès ce 25 novembre, avec une installation qu'il accompagne, voire éclaire, d'un extrait du troisième roman que publia Georges Perec.

« Au fil des heures, des jours, des semaines, des saisons, tu te déprends de tout, tu te détaches de tout. Tu découvres, avec presque, parfois, une sorte d'ivresse, que tu es libre, que rien ne te pèse, ne te plaît, ni te déplaît. Tu trouves, dans cette vie sans usure et sans autre frémissement que ces instants suspendus que te procurent les cartes ou certains bruits, certains spectacles que tu te donnes, un bonheur presque parfait, fascinant, parfois gonflé d'émotions nouvelles. Tu connais un repos total, tu es, à chaque instant, épargné, protégé. Tu vis dans une bienheureuse parenthèse, dans un vide plein de promesses et dont tu n'attends rien. Tu es invisible, limpide, transparent. Tu n'existes plus : suite des heures, suite des jours, le passage des saisons, l'écoulement du temps, tu survis, sans gaieté et sans tristesse, sans avenir et sans passé, comme ça, simplement, évidemment, comme une goutte d'eau qui perle au robinet d'un poste d'eau sur un palier, comme six chaussettes trempées dans une bassine de matière plastique rose, comme une mouche ou comme une huître, comme une vache, comme un escargot, comme un enfant ou comme un vieillard, comme un rat. »

Georges Perec, « L'homme qui dort », 1967