Yoann Van Parys
Yoann Van Parys
Azerty peignait les vitres en blanc
Craignant que l'on ne photographie ses doigts se tapotant sur eux-mêmes
S'il avait eu les mains en l'air (?!), Yoann Van Parys aurait photographié son auto-entourante réalité au pinceau sans poils. Un pinceau en nu intégral ! Plutôt sexy en termes d'un non-en soi-disant lit superposé qui présuppose en l'apparente apparence : la Désabusée Photographie. Abusée ici, délavée même, de sa plus déceptive impression sérigraphique. Tout cela dans le même lit, comme de bien entendu : superposé.
Puisque vous le désirez, appuyons maintenant sur PAUSE.
Si nous avions dû donner un nom d'artiste à Yoann Van Parys, nous l'aurions nommé sans condition : Azerty. Yoann Van Parys numérise un improbable pourtant - dans ses çà et là en nomaderies - avec une de ces machines que l'on peut acheter en grande surface (qui n'en a pas, nous vous le demandons : QUI ? Vous ?) portant objectifs, boutons-poussoirs, le bien nommé appareil-photo - pour ainsi se procurer ce bel orgasme qu'est le Fucker-Pixel.
Nous, les JPEG MEN et autres imbéciles du selfie devenus, numérisons, et de fait, disparaissons - l'image ne sera plus notre mémoire, non, non et NON ! Nous ne voulons pas encore y croire puisque nous en manquons cruellement de cette mémoire photographique, si vous nous le permettez. L'image est une mort, la mort est une image quand on est en vie et l'être vivant va mourir, c'est ainsi... Que ferait un mort si on lui donnait la possibilité de faire une photo, question aliènique ? Ici est peut-être un là-autour d'une tentative de Yoann Van Parys. Capter via son filet à papillons, un sujet sans attribut : la mémoire à qui nous ne cessons de casser la gueule ! Ce néant, vertigineux comme le (tous) le(s) temps. Tiens ! Mais il est déjà 19:37. Là, maintenant, en cet instant présent, dans cet aujourd'hui complexe, il n'y en aura qu'un en la journée dite; mais dans ce demain complexe, un autre seul et unique exemplaire de ce 19:37.
Géographiquement les photos de Yoann Van Parys sont non véritablement localisables, quasi non-cadrées. Cela n'est jamais vraiment vrai, même si on lance son appareil-photo en l'air, mais! Il met en exergue des confrontations, une branche d'arbre avec un immeuble - les exemples sont nombreux (en terme de photographies en soi). Il pose ici une image de petit format sur une autre d'une taille plus généreuse, là l'inverse. Images posées au sol et appuyées contre le mur, comme pour vouloir nous situer un : Mais où puis-je les mettre et/ou me/vous les mettre, de type Va voir ailleurs, si je n'y suis pas accroché ! Pensons à cette quasi autistique, belle & bête (si Jean Cocteau, nous entendait !) oeuvre intulée La Mer Salée (2015), pièce à conviction nous donnant à observer deux pieds chaussés de baskets Nike Air en plein saut, image posée sur une autre photographie plus grande faisant éclater un ciel généreux avec pour horizon une ville tentaculaire. Yoann Van Parys aplatit, anéantit sans pour autant être narquois une poétique possible, une image en amène une autre, une image en tue une autre. C'est peut-être aussi là, le sens de ses séries, Lungarno (2015) pour preuve, posée sur des réglettes d'aluminium qui sont comme des représentations d'un espace-temps psychologique, positionnées les unes à la suite des autres - nous aurions presque envie de tirer dessus avec un Magnum 44, arme préférée de votre serviteur. Il ne s'agit pas ici à notre sens, d'une série de photographies mais bien d'un ensemble représentant une seule et même oeuvre et/ou hors-d'oeuvres, pour ceux qui auraient envie d'un en-cas gastro-photographique jusqu'à l'éceurement.
A nos bienfaiteurs-lecteurs du présent canard désenchaîné, comme un flux d'écriture en guise de klaxon qui fait coin coin. De ce fait volatile, un dieu travesti en père spirituel vient encore de se trébucher l'ego dans le chapeau de Joseph Beuys - même pas mal - puisqu'un dieu n'existe pas et/ou plus jamais. Plus si affinités avec le feutre et les marqueurs.
Allons nous faire photographier ailleurs, nous nous sérigraphierons après ?!
Et maintenant appuyons sur STOP.
Messieurs Delmotte - 2016