Pierre Gerard, né en 1966, travaille à l'intersection de la musique, la sculpture, la peinture et l'installation. Son travail est entièrement focalisé sur la vie secrète de la matière, des images et des objets. La vie secrète d'être dans une certaine marginalité (dans un sens social) et l'intimité (dans le sens d'une identité qui n'appartient qu'à soit) sont aussi des sujets qu'il discute. C'est une vie qui se déroule sous nos yeux (ou bien qui arrive à nos oreilles), mais assez souvent nous échouons à capter ceci, il nous est même impossible de le nommer. A travers des répetitions complexes et par montages subtiles emprunt de naturalisme autant que d'anisme, l'artiste apporte au premier plan ce préhistorique, ce pré-linguistique, ce pré-médiatique de la vie. Il prend soin de nous rappeller ceci. Ainsi, nous le découvrons avec de la confusion : il nous apparaît aussi familier qu'il est vibrant.
 
Sa production picturale est volontairement limitée à moins de six oeuvres par an.
Simultanément, il réalise des objets-sculptures ayant comme particularité d'être constitués d'un sophistiqué mélange d'éléments issus de notre quotidien et agencés avec une capacité poétique d'une rare puissance.

Présent sur la scène belge depuis près d'une vingtaine d'années, le travail de Pierre Gerard fut montré, entre autre, au SMAK à Gand (1999) et à l'Espace 251 Nord de Liège (2014).
 
Ces oeuvres furent présentées dans de nombreuses foires ainsi que par (sic) en 2013 en tant qu'événement off de la Biennale de Venise.
 
La carrière de Pierre Gerard fut lancée par une exposition chez Etienne Tilman début des années 90. L'intérêt des collectionneurs fut vif. Les petites peintures à l'huile sur carton semblaient affirmer un retour au réel dans un milieu de l'art où dominait - pour une bonne part l'art conceptuel.
A y regarder de plus prêt, le réalisme de ces peintures était en fait truffé de références notamment à l'histoire des arts.
Exigeant, il ne produit que trois à quatre oeuvres par an. Celles-ci appartiennent à un cycle intitulé « Images volées ». Dans une volonté de ne pas ajouter de nouvelle forme au monde, l'artiste archive des images qui le touchent. Il les puise dans un environnement littéraire, cinématographique ou au coeur d'internet. Si chaque oeuvre peut apparaître comme une peinture, elle est aussi vécue par l'artiste comme un objet s'incluant dans un corpus plus large. L'encadrement joue un rôle central et donne à la peinture une nouvelle valeur de document, d'archive. Chaque pièce est perforée en son sommet afin de renvoyer vers l'idée que les images pourraient retourner dans un gigantesque classeur.
Son travail de modulation du noire et blanc donne aux oeuvres une fluidité, une grande sobriété étrangement minimale.